samedi 31 mars 2012

Bouquet de nerfs



Comme le prouvent déjà les sujets consacrés sur les différents forums et blogs, l'entretien au BIQ n'a rien d'une épreuve insurmontable pour peu qu'on y aille bien préparé. Selon les cas il peut même s'agir d'une simple formalité, même si l'enjeu dépasse évidemment le cadre d'un simple bavardage informatif et donne facilement son lot de sueurs froides aux candidats qui y ont droit. Le net et les forums regorgent heureusement d'informations pour se préparer au mieux et être capable de faire face à l'agent de l'immigration avec assurance et décontraction. Connaître les grandes lignes de l'Histoire et de la géographie du pays est un prérequis évident, de même que de savoir répondre de manière simple mais claire sur le pourquoi de ce projet, ses objectifs et surtout son projet professionnel. En clair avoir une bonne idée des opportunités de recherche d'emploi et d'embauche dans son secteur et selon la région choisie, voir pouvoir présenter des offres d'emplois et/ou un cv à la norme local pour mettre toutes les chances de son côté.
Dernière formalité et pas forcément des moindre : réviser son anglais, surtout si comme moi vous avez déclaré avoir une bonne maitrise orale et écrite mais que vous manquez d'entrainement et avez peur de bafouiller !

Quelques liens pratiques pour les préparatifs :

-Les "questions-types" pour l'entretien :
http://img406.imageshack.us/img406/9559/questionsentrevue.jpg

-Série documentaire sur l'Histoire du Québec, du début du 16ème siècle aux années 1990. 40 épisodes très instructifs qui valent leur près de 4 heures (!)
http://www.youtube.com/watch?v=UOP8nHwp0rY&feature=related

-Le pôle emploi local :
http://emploiquebec.net/index.asp

...et les perspectives d'emploi par domaine et région :
http://emploiquebec.net/imt/perspectives.asp


C'est donc le 19 mars que j'avais rendez-vous avec la suite (ou la conclusion..) de mon projet, sous la forme d'un entretien avec un agent de la délégation du Québec située rue de la Boétie à Paris.
Les 3 derniers jours ont été l'objet d'intenses séances de révisions et d'ultimes préparatifs afin de parer à toutes les éventualités dans les 2 langues si possible, et c'est sur-motivé mais pas mal stressé que j'avale mon café avant d'aller prendre le tgv à destination de la gare de l'Est. Par chance le lieu de rdv ne se trouve qu'à une vingtaine de mn de métro, ce qui est toujours bon à prendre quand on est 1/un provincial profond 2/doté d'un sens de l'orientation laissant perplexe la Science 3/en train se se répéter en boucle mentalement les valeurs de la société québécoise en anglais.
Après un départ dans le mauvais sens rue de la Boétie (chassez le naturel...), me voilà donc devant ce fameux bâtiment finalement bien quelconque, si ce n'est le fleurdelisé qui flotte sur sa façade. Ouf, j'y suis. Avec presque une heure 1/2 d'avance, le temps de repérer un café pour souffler un peu (et pour d'ultimes révisions tant qu'à faire).
Une fois introduit par le portier, je reste une petite dizaine de minutes dans la salle d'attente devant une vidéo de présentation muette avant qu'une agente ne demande mon nom....Ça y est !
Une fois les présentations d'usage faites (la conseillère qui me fait face est née à Paris mais à vécu au Québec, comme en témoigne son accent), je suis informé du déroulement de l'entretien (que je connais depuis longtemps !) et interrogé dans la foulée sur mon projet... Le ton est loin d'être aussi formel que je l'imaginais, ce qui diminue agréablement ma nervosité et me fait même me demander quand commencera le vrai entretien (!). Je dégaine ensuite mes premiers documents de la précieuse pochette qui m'accompagne : diplômes, et notes de DUT. S'en suit une rapide discussion sur mon niveau d'études, sa correspondance (approximative) au Québec et mes expériences de travail. Mais avant.... "Vous avez dit avoir un niveau correct en anglais, on va tester ça" Petit sourire crispé, même si je ne suis pas débutant je crains depuis le début de me planter à ce niveau là par manque d'habitude... Je suis donc interrogé dans la langue de Will Self sur mes motivations d'immigrer, question à laquelle je me suis préparé 100 fois mais qui parait moins évidente en conditions réelles et face à une conseillère qui n'hésite pas à me couper.
Je me trouve honnêtement assez faiblard mais..."c'est bien." me répond elle finalement !
Gros soulagement. La suite est surtout consacrée à mes expériences de travail (attestations de travail et fiches de paie à présenter) et opportunités d'emploi sur place, toujours de façon plutôt décontractée même si je sais bien que mes réponses sont "filtrées" par le logiciel chargé de les transformer en points et de délivrer le verdict final. Il n'empêche que la discussion est naturelle et presque légère, et j'en profite pour assurer mes arrières en présentant les 3 offres d'emploi intéressantes trouvées ces dernières semaines, ainsi que mon cv arrangé à la mode québecoise.
Après ça la discussion va un peu dans tous les sens, des écrivains et librairies du Québec (mon domaine de travail) aux profils les plus étonnants que mon interlocutrice ait eu à traiter (un danseur nu). Quelques secondes de tapotages sur son clavier et "C'est bon, je vous accepte". Quelques mots tout bêtes qui provoquent une joie intense et déchargent instantanément d'un sacré fardeau ! "Je pense qu'il faut aussi qu'on ait des artistes, des poètes, des cérébraux, et pas que des ingénieurs et des techniciens" me glisse-t-elle avant de prendre congés. " J'ose "...et des libraires" :)
Munis de mon précieux document en double exemplaires et de mon guide "Apprendre le Québec", je quitte le bâtiment avec une sacrée sensation d'euphorie et du mal à réaliser pleinement. Il n'y a plus désormais de véritable obstacle à surmonter, je peux enfin savoir ou je vais après des mois d'incertitude.

Please, please, please, let me get what i want

L'envoi de la demande de Certificat de Sélection représente un vrai soulagement, puisque cela formalise un projet qui n'était jusque là que "virtuel", et pourtant déjà débattu, rêvé, disséqué et analysé durant de longs mois (plus d'un an 1/2 pour moi).
Mais c'est aussi et surtout le début d'une longue attente (sauf dossier prioritaire...) avant que le bureau de l'immigration ne daigne s'occuper du dit dossier, ce qui se traduisit notamment dans mon cas par près de 6 mois de flottement et d'incertitude avant de recevoir enfin un accusé de réception par courrier ainsi que le prélèvement des frais associé, signe que les choses sérieuses allaient commencer.
Presque 6 mois donc à imaginer des scénarios plus ou moins apocalyptiques (l'attente rend un petit peu paranoïaque, oui) et donc à flotter en plein flou concernant les prochaines années de sa vie. C'est dire si l'AR et le paiement des frais de CSQ représente une sorte de Noël avant l'heure, plongeant le candidat à l'immigration dans un bref mais profond état de béatitude. État bientôt troublé par l'évocation de la suite des opérations : soit obtention directe du CSQ, soit la redoutée étape de l'entretien au Bureau de l'immigration parisien (BIQ) comme étape préalable à son obtention.
C'est pour ma part 2 mois après le début du traitement de mon dossier que je recevais par mail ma convocation à un entretien à la date du 19/03. Un mois 1/2 pour réviser, hanter les sujets dédiés sur les forums, se préparer à l'échéance aussi bien que possible. Et commencer doucement à stresser.

dimanche 25 mars 2012

Chamboultou

Sale temps pour les prétendants à l'immigration québécoise : les modalités d'obtention du CSQ évoluent vite depuis quelques mois, ce qui me conforte d'autant plus d'avoir fait le nécessaire à temps.
On sait ainsi que depuis décembre 2011 des tests de compétences linguistiques doivent obligatoirement être passés afin de prouver les niveaux de langues. (Et oui, même les français doivent passer des tests de français !) Avant cette date et donc dans mon cas, le candidat jaugeait lui-même ses capacités à l'oral et à l'écrit, et c'est lors de l'entretien que le niveau stipulé était jugé.
On peut imaginer que cette formalité en plus vise justement à fluidifier la procédure pour les agents surchargés de dossiers, mais le passage de ces 2 tests représente aussi un véritable filtre supplémentaire, puisque les sessions (TEF pour le français, TEFL ou TOEIC pour l'anglais) sont bien sûr payantes, et pas forcément régulières selon le lieu de résidence...

Deuxième mauvaise nouvelle tombée il y a quelques jours (la dernière, promis) : le cout du CSQ lui-même. Le gouvernement Charest (qui finira par avoir sa catégorie dédiée ici) a décidé d'une hausse tarifaire de celui-ci de....85 % !
On passe donc dès le 1er avril 2012 de 406$CA (306€) à 750$CA (566€), une augmentation plus que symbolique et qui risque surtout d'être douloureuse pour les candidats originaires de pays à plus faible niveau de vie...
Pour positiver quand même, cette hausse devrait normalement permettre de «financer l'embauche d'employés supplémentaires par le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles» et pourrait donc signifier à terme un traitement plus rapide (ou moins lent) des demandes.
Un peu comme pour les albums des Red Hot Chilli Peppers et Star Wars, on pourra bientôt dire qu'immigrer au Québec, c'était mieux avant.

samedi 24 mars 2012

Jeunesse sonique, tu dors (en cage)

Ça chauffe pas mal au pays du pâté chinois et de l'accommodement raisonnable ces jours ci.
Alors que la température atteint des records historiques pour la saison (26° à Montréal le 21/03), les étudiants québécois ont réussi le tour de force de réunir près de 300 000 personnes lors d'une "manifestation monstre" (c'est Radio Canada qui le dit) contre l'augmentation des frais de scolarité* voulue par le gouvernement libéral de Jean Charest. Du jamais vu depuis les protestations contre l'invasion de l'Irak.
http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/patrick-lagace/201203/22/01-4508423-impressionnant.php
Gouvernement attaché à renflouer les caisses de l'État sans se préoccuper, ou si peu, des conséquences, ministres sourds à la contestation qui gronde...il y a comme un écho familier de l'autre côté de l'Atlantique.
http://youtu.be/9CgD442YFRQ
* +325$CA/245€ par an, soit une hausse de 1625$CA/1227€ d'ici 2017. Les droits de scolarité avoisinent actuellement 2200$CA/1160€.


vendredi 23 mars 2012

Slow Riot for New Zero Kanada 2/

Notre fort sympathique candidat est maintenant prêt à affronter les rigueurs de la procédure d'immigration : déterminé à mener à bien son projet et confortablement engoncé dans sa chemise à carreaux acheté 39,95 $CA chez Urban Outfitters rue St-Denis à Montréal, il sait dorénavant différencier SAQ et SAAQ et ne jure plus que par la DCSQ.

La Demande de Certificat de Sélection du Québec donc.
Car comme nous l'apprend fort judicieusement le site de Citoyenneté et Immigration Canada : "En vertu de l’Accord Canada-Québec, le Québec peut établir ses propres exigences en matière d’immigration et sélectionner des immigrants qui s’adapteront bien au style de vie dans cette province. Si vous souhaitez venir au Canada à titre de travailleur qualifié du Québec, vous devez d’abord présenter au gouvernement de cette province une demande de Certificat de sélection du Québec (CSQ)."
En pratique, il s'agit là de partir courageusement à la chasse à d'antiques documents disparus ou dormant dans le meilleur des cas dans de sombres et inquiétants recoins (c'est selon votre aptitude à ranger/classer/conserver les dits documents). Je passerais sur le détail des artefacts plus ou moins exotiques demandés, le site officiel fait ça bien mieux que moi : http://www.immigration-quebec.gouv.qc.ca/fr/biq/paris/dcs-travailleurs/index.html
(Ou comment se rendre compte qu'un relevé de notes de 4ème2 pouvait finalement avoir un jour une utilité insoupçonnée.)
Si tout se passe bien, notre candidat toujours aussi sympathique mais rendu passablement nerveux par sa recherche fébrile de son certificat de recensement "que j'étais sûr d'avoir vu là, l'autre fois", se retrouvera avec un dossier relativement, voir franchement épais, qu'il n'aura plus qu'à envoyer à la direction de l'immigration économique de Montréal (depuis mars 2012, pour moi il s'agissait encore du bureau de Paris). Non sans avoir fait "certifié conforme" les dits documents auprès d'une personne assermentée, ce qui peut vite se révéler cocasse pour peu que vous présentiez plus de 3 kilos de papiers à un fonctionnaire de mairie qui n'en demandait pas tant. Mon propre dossier étant (relativement) léger, cela a été fait en direct mais vu qu'il s'agit d'une chouette panoplie de tampons à apposer il est probable d'avoir à déposer ces papiers en mairie, d'autant plus pour un dossier plus conséquent.
A moins d'un dossier prioritaire pour les professions en demande, la première (très) longue attente commence alors, avant d'avoir une confirmation de réception suivie soit du tant convoité certificat de sélection, soit d'un entretien en vue de son obtention...








Slow Riot for New Zero Kanada 1/

Et donc un beau jour on décide de se lancer. Enfin.
Faire le plein de connaissances sur le projet est évidemment indispensable, et les forums sont bien utiles pour ça : la sympathique communauté Cymico par exemple http://immigration.cymico.ca/forum/index.php. L'occasion de lire des témoignages en tous genre, plus ou moins exaltés, de la part d'arrivants récents ou plus anciens, mais aussi et surtout de découvrir l'univers bizarre et bigarré de l'immigration québécoise, avec ces sigles exotiques (CSQ, BIQ, RP...) et ses délais à rallonge. La faute à un nombre de demande à la hausse, mais aussi semble-t-il à un gouvernement fédéral qui aurait plutôt tendance à réduire les couts (et donc le personnel) pour ce qui est des fonctionnaires chargés de traiter ce prodigieux volume de dossiers.
A lire à ce propos : "Immigration au Canada : veuillez patienter"
http://www.cyberpresse.ca/actualites/201202/27/01-4500090-immigration-au-canada-veuillez-patienter.php

Autre étape qui parait plus que judicieuse à ce niveau : un séjour sur place. Même si la pratique est courante, il me semblait pour ma part un peu incongrue de me lancer dans un tel chantier au long court sans savoir un peu plus précisément ou je mettrais les pieds, et ce faisant si je le souhaitait toujours autant à mon retour. Ce qui se concrétisa par un voyage d'une semaine à Montréal puis Québec à la mi-janvier 2010, histoire d'expérimenter un peu la vie sur place et d'échanger avec les (charmants) autochtones. Et en hiver s'il vous plait, pour savoir si le fameux froid canadien est bien une réalité (oui oui ça l'est).
Bien sûr une expérience d'aussi courte durée aura forcément un potentiel d'immersion limité, mais à le grand mérite de permettre de constater par soi même certaines choses qu'on est tenté d'oublier un peu vite, porté par les images idylliques (et un poil clichées) que tout un chacun a en tête à ce stade de l'aventure.
Ce séjour est également payant pour les démarches à venir, lorsqu'il vous sera demandé la date et la durée d'éventuels voyages au Québec (et au Québec seulement !).

mardi 20 mars 2012

De l'immigration en Amérique

L'origine de ce blog, et donc de l'idée un peu folle qui en est à l'origine, remonte à déjà un bon moment, plus de deux ans et demi en fait. Entre ce petit document publicitaire entrevu dans un cinéma de l'Est de la France, l'intense réflexion sur cet ailleurs si intriguant, et le début des démarches concrètes d'immigration, il y eut pour ainsi dire plusieurs vies.
Des recherches d'informations jusqu'au petit matin, des découvertes palpitantes, mais aussi d'innombrables remises en questions, des espérances détruites, puis reconstruites. Je suppose qu'on ne prend pas la décision de partir vivre ailleurs sans passer par de nombreuses phases plus ou moins évidentes à gérer émotionnellement, et c'est sans doute mieux comme ça.
L'objet de ce blog sera donc parfois de servir d'exutoire à ces états d'âme d'expatrié en devenir, mais aussi et surtout d'illustrer mon parcours sur le chemin de la Belle Province, afin de pouvoir servir de repère, et peut être d'inspiration à ceux qui seraient tentés par l'aventure.
Qu'on me pardonne d'avance le caractère parfois trop lyrique ou au contraire trop terre à terre des écrits à venir, mais c'est que comme tout projet d'envergure, celui-ci requiert lui aussi un alliage plus ou moins subtil de ces deux qualités.